En 1947, Porsche prouve à nouveau que la puissance du moteur n’est pas obligatoirement synonyme de grosse cylindrée. La démonstration est faite cette fois par Ferry Porsche avec la construction de la Type 360 Cisitalia, une sportive élégante conçue pour le compte d’un industriel italien. Comme la Sascha avant elle, la Cisitalia est en avance sur son temps. Le règlement des Grand Prix limitant la cylindrée des moteurs suralimentés à 1,5 l, les ingénieurs Porsche font appel à toutes les ressources de leur art. Ils optent pour un moteur à compresseur refroidi par eau, douze cylindres, avec quatre arbres à cames entraînés par arbre vertical comme sur la Sascha. La puissance du moteur, pouvant atteindre 385 ch à 10 600 tours/minute, est transmise aux quatre roues motrices par une boîte séquentielle. Porsche pousse encore plus loin sa recherche d’efficacité avec un modèle conçu en même temps que la Cisitalia, la 356. La première sportive de série de la marque est produite de 1948 à 1954 avec un petit moteur Boxer quatre cylindres de 1,1 litre. Progressivement seulement, la cylindrée sera augmentée à 1 300 puis 1 500 cm³, et jusqu’à 1 600 cm³ en 1955. Grâce notamment aux performances de pilotes privés, la Porsche 356 domine la catégorie des petites cylindrées. Aux 24 Heures du Mans 1951, Porsche aligne pour la première fois sa propre équipe d’usine. Le moteur 1 100 cm³ de la 356 SL (super légère) développe tout juste 46 ch. Mais avec ses revêtements aérodynamiques et sa démultiplication longue, la Porsche 356, numéro de départ 46, atteint une vitesse de pointe impressionnante de 160 km/h. Les résultats ébranlent le monde du sport automobile. Confrontée à une rude concurrence, la Gran Turismo de Zuffenhausen parvient à remporter la victoire dans sa catégorie et à accrocher une remarquable 20e place au classement général. C’est la première grande victoire internationale de la jeune marque. En 1953, Porsche propose ensuite sa première sportive de course pure race : la 550 Spyder. Son moteur, connu sous le nom de moteur Fuhrmann, est devenu presque aussi célèbre que la voiture elle-même. Pour son quatre cylindres en alliage léger de 1,5 litre, Ernst Fuhrmann exploite toutes les possibilités des moteurs de course modernes. Les différents ingrédients techniques – quatre arbres à cames en tête (entraînés par arbre vertical), double allumage, vilebrequin à quatre paliers et lubrification à carter sec de 8 litres – délivrent 110 ch constants à 7 800 tours/minute. Le moteur révèle son plein potentiel sur le circuit du Mans en 1954, lorsqu’une 550 Spyder réduite à 1 100 cm³ de cylindrée décroche la victoire dans la catégorie 1,1 litre. Malgré une puissance inférieure sur le papier, la Porsche 550 et son héritière, la Porsche 718, s’imposent à plusieurs reprises face à des cylindrées nettement supérieures et gagnent bientôt le surnom respectueux de « giant killer ».