L’appel du circuit
Atlanta, Zuffenhausen, Nürburgring. Le premier voyage de l’Américain Thomas Eduard Park au volant de son
Thomas Park jette un regard soucieux aux nuages qui s’amoncellent. À une demi-heure du départ, il a déjà enfilé sa combinaison. Un
Plus que quelques minutes avant le départ de la première course de l’édition 2016 du Rundstrecken Challenge Nürburgring. Thomas Park est serein. Il écoute son coach, Domenico Solombrino, lui parler des principaux drapeaux, des limites de vitesse dans les voies des stands. Le pilote de 35 ans a beau hocher la tête, il donne l’impression d’être ailleurs. Cette course, il s’y prépare depuis des années. Après avoir parcouru des centaines de fois les virages du Nürburgring sur un simulateur avec volant et pédalier, il connaît chacun d’entre eux sur le bout des doigts. Mais cet entraînement sera-t-il suffisant pour affronter une pluie torrentielle à plus de 250 km/h dans la descente du « terrier du renard » ?
Le soleil a maintenant disparu derrière les nuages et le bruit des moteurs couvre celui des conversations. Thomas Park ne prend pas le volant de sa nouvelle GT4, pas cette fois en tout cas. Il s’installe dans un
Atlanta, premiers émois
Nous retrouvons Thomas Park dans un bistrot du centre-ville de Stuttgart, tard dans la soirée. Il n’est arrivé d’Atlanta qu’hier. Il n’a presque pas fermé l’œil de la nuit, mais semble parfaitement éveillé en nous racontant son histoire. « Dès l’âge de trois ans, j’étais fasciné par les voitures. Je reconnaissais toutes les marques et tous les modèles que je croisais. Je pouvais aussi donner le nombre de chevaux d’une édition spéciale de 1987 ou décrire les atouts en virage d’une
Il est encore écolier lorsque lui vient cette idée d’acheter des voitures pour pouvoir un jour les conduire, notamment sur circuit, et plus tard réaliser un profit à la revente. Voiture après voiture, il se rapproche de ses rêves. Et de
Depuis un certain temps, son rêve est devenu réalité : avoir une
Rendez-vous à Zuffenhausen
Le lendemain matin, c’est pourtant un Thomas Park fatigué que nous retrouvons à Zuffenhausen : « La nuit a été courte, je suis trop excité ! » Et pour cause : dans le cadre du programme European Delivery, il se rend directement à l’usine
Son père Mel Park, 68 ans, sourit : « Il ne tient pas cette passion de moi. » Voir son fils de si bonne humeur le met en joie, il l’a rarement vu aussi radieux. Avant de poser avec son père pour une photo, Thomas Park lisse son t-shirt orné d’une photo de la
Nürburgring, sur la piste du bonheur
Trois jours plus tard, Thomas Park se rend dans l’Eifel. Plus que cinq jours avant le départ. Il s’est procuré la licence nécessaire auprès de la Fédération allemande de sport mécanique (Deutscher Motor Sport Bund), mais n’a encore ni équipe ni voiture pour la course. Il commence donc ses recherches et entreprend dans le même temps de faire des tours dans sa nouvelle GT4 afin de s’entraîner autant que possible sur circuit. Une préparation chargée. « Il n’aurait pas fallu une seule journée de moins », admet-il à la fin de la semaine. Après de longues discussions, il se met d’accord avec le team Mathol Racing. Cette équipe très expérimentée accepte de lui confier le volant d’un
Le courage de ce débutant osant se lancer dans la course à bord d’une
Quand Thomas Park revient aux stands, il est satisfait. Pour sa grande première, il a livré une prestation accomplie : « C’était tellement dur, on a vu au moins 25 accidents. Et puis cette pluie... » Son cœur lui intime de reprendre la course, mais sa tête l’exhorte à laisser faire les professionnels et à apprendre. Il s’installe donc sur le siège passager : son entraîneur, Domenico Solombrino, prend le relais. Deux heures plus tard, nous retrouvons les deux hommes dans l’ambiance festive du team Mathol Racing. « Terminer quatrième sur neuf dans cette catégorie relevée, c’est incroyable », exulte Thomas Park. Domenico Solombrino renchérit : « Pour une première fois, il a été extraordinairement rapide. Rouler sur une piste sèche, puis humide, c’est très difficile. » Pour Thomas Park, c’est une certitude : il reviendra, peut-être même dès la prochaine course. Il se déleste de sa combinaison alors que son père lui apporte quelque chose à manger. Il regarde par la fenêtre. La pluie s’abat sur le carreau. Thomas Park arbore un sourire qui en dit long.
Texte Frieder Pfeiffer
Photos Bernhard Huber
Porsche European Delivery Program
Pour plus d’informations sur le sujet : www.porsche.com/usa/motorsportandevents/europeandelivery/
RCN – Rundstrecken Challenge Nürburgring
La Rundstrecken Challenge Nürburgring e. V., association qui regroupe plusieurs clubs de la Fédération allemande des Automobile Clubs (ADAC), organise des événements permettant aux passionnés de faire leurs premiers pas de pilotes au volant d’un modèle adapté à leur niveau. Le RCN est le plus haut niveau de course amateur. Il est destiné aux pilotes disposant d’une voiture habilitée à rouler sur circuit et titulaires d’une licence délivrée par la Fédération allemande de sport mécanique (DMSB). Le RCN se dispute en 15 tours : aux neuf tours de pure vitesse s’ajoutent les épreuves de régularité, au cours desquelles les pilotes doivent réaliser un temps défini. Pour beaucoup, le RCN est un tremplin vers le championnat d’endurance VLN du Nürburgring, première division du sport automobile amateur.