Répétition générale
Lorsque le rideau se lève sur un nouveau modèle
Andreas Schmidt a vu et vécu beaucoup de choses, mais il est toujours émerveillé de voir comment « un objet aussi complexe qu’une voiture peut naître des idées développées par les designers et les ingénieurs de Zuffenhausen et de Weissach ». À 54 ans, il est directeur Qualité du site
Mais le sourire cède vite la place à un froncement de sourcils. Si seulement c’était aussi simple, on n’aurait pas besoin d’un nouveau centre de contrôle qualité. C’est Andreas Schmidt qui a dessiné au stylo bille, sur une feuille de papier, la première esquisse du complexe. C’était en avril 2014. Treize mois plus tard, le nouveau bâtiment de 6 000 m² était inauguré. La pièce maîtresse en est l’atelier-pilote, le royaume d’Alexander Fijak. Ce quadragénaire père de deux enfants construit avec passion des modèles réduits télécommandés. Bricoleur inventif, il avait le profil idéal pour ce poste, qu’il décrit en quelques mots précis : « Sur la chaîne de production, chaque nouvelle
Pour construire une
Alexander Fijak compte parmi les tout premiers à avoir rejoint les effectifs de
« On peut également avoir oublié quelque chose lors de la phase de CAO », ajoute-t-il. « La CAO, c’est la conception assistée par ordinateur ». La planche à dessin d’autrefois a laissé place à l’ordinateur sur lequel l’ingénieur crée des modèles 3D. Si un détail du modèle CAO ne va pas, ce n’est pas trop grave. « On a tout le temps de trouver la solution optimale », poursuit Alexander Fijak. Quatre ans s’écoulent généralement entre la première esquisse et le lancement de la production. La phase de mise au point dans l’atelier-pilote commence environ un an et demi avant le démarrage de la fabrication en série. Si un composant doit être revu de A à Z, il faut compter au maximum six mois pour disposer d’une nouvelle pièce en qualité série. Aujourd’hui, dans la dernière phase avant le lancement de la production, il s’agit plutôt de tester les variantes d’équipement, de vérifier la stricte conformité dimensionnelle des pièces et de simuler inlassablement leur montage afin, par exemple, d’éviter qu’un clip en plastique trop fragile ne casse au montage ou qu’un filetage soit mal ajusté. « Mais ce ne sont que des broutilles », tempère Alexander Fijak. Les défauts de la phase de CAO doivent en revanche être rapidement corrigés. « Certains peuvent échapper à la vigilance du concepteur et une pièce conçue sur ordinateur peut entrer en collision avec une autre lors du montage ». Alexander Fijak et son équipe doivent alors prendre une décision : le composant doit-il être monté plus tôt que prévu ? Suffit-il de déplacer un point de fixation ? Faut-il revoir toute la conception ?
Grâce aux échanges intenses entre la Saxe et la Souabe, la solution est généralement vite trouvée. Il faut dire que les spécialistes disposent d’une aide précieuse : une imprimante 3D capable de produire aussi bien des pièces métalliques que plastiques pouvant aller jusqu’à la taille d’un ballon de basket. « En général, cela suffit. Si l’on a besoin d’une pièce plus grande, par exemple pour produire un modèle de boîte de vitesses, on fait appel à un prestataire extérieur », explique Alexander Fijak. Les modifications à apporter à un composant sont examinées avec les concepteurs de Stuttgart via l’écran géant de l’atelier-pilote. Il suffit alors parfois de décaler, par exemple, un point de fixation d’un ou deux millimètres, de réimprimer le composant modifié, de tester le montage et de valider la solution.
Galop d’essai sur la ligne de montage
« L’important est que chaque étape, même automatisée, se déroule sans anicroche et de la manière la plus efficace possible », souligne Alexander Fijak, tapotant de son index la tôle jaune d’une carrosserie de crash-test qui se trouve justement sur la ligne de montage. Le « collègue robot » n’intervient pas dans l’atelier-pilote, mais c’est là que sont définies ses futures séquences de mouvement. Il aura son rôle à jouer lors du montage. Les spécialistes, qui connaissent la puissance et la souplesse de ses bras, apportent leur aide pour la programmation. Ils déterminent en outre le profil des châssis auxiliaires destinés aux manipulateurs, ces petits engins de levage flexibles qui permettent de soulever, par exemple, un tableau de bord pour le monter à l’intérieur du véhicule. L’équipe de l’atelier-pilote s’occupe également de l’ergonomie de la production : à quelle hauteur et à quelle distance doivent se trouver les étagères situées près des chaînes de montage ? À quelle hauteur au-dessus du sol faut-il suspendre la caisse pour pouvoir monter le moteur et la boîte de vitesses ?
Lorsqu’une séquence de production donnée est prête, Alexander Fijak et son équipe insèrent la nouvelle voiture dans la ligne de montage normale et lui font parcourir un trajet d’essai. « C’est l’un des avantages de notre fabrication flexible », explique Alexander Fijak. Généralement, tout se passe comme prévu et le modèle finit par passer toutes les étapes de la ligne de montage. Il s’agit alors de former les opérateurs qui interviendront sur la ligne de montage avant de se pencher sur le prochain modèle de la marque. Alexander Fijak s’en réjouit déjà : « Il va falloir recommencer. Nous allons bientôt tester la fabrication d’un nouveau modèle ». Lequel ? Andreas Schmidt ne peut en dire plus. « Mais les collègues de Zuffenhausen et du Centre de développement de Weissach s’attellent certainement déjà à la tâche », assure-t-il. Et à Leipzig, il ne leur restera plus qu’à construire le nouveau véhicule.
Texte Thorsten Elbrigmann
Photos Rafael Krötz