Un train d’avance
Il y a plus de 40 ans, la
1973 : L’heure est aux voitures de conception nouvelle. Les modèles à moteur arrière semblent en bout de course. Chez
Au Centre de développement de la marque, inauguré récemment à Weissach, les ingénieurs ne ménagent pas leur peine pour développer le modèle censé lui succéder : la 928. Pour la première fois,
À sa sortie en 1977, le modèle, qui se distingue par son design futuriste, s’impose comme une référence en matière de dynamique de conduite. À l’époque, l’essieu Weissach est « une véritable révolution technique », rappelle Manfred Harrer, responsable du développement des châssis chez
La sécurité en ligne de mire
Weissach : le nom de cet essieu a une double signification. S’il rend bien sûr hommage au Centre de développement de la marque, c’est aussi un acronyme en langue allemande qui rappelle l’effet directionnel passif du train arrière. À l’époque, la tendance sur le marché automobile est aux performances sportives. Et avec l’amélioration de la qualité des pneus, les vitesses pouvant être atteintes en courbe sont toujours plus élevées. Le comportement au volant s’en ressent. Certains conducteurs en mal de sensations fortes flirtent avec leurs limites, parfois au péril de leur vie. Même certaines voitures familiales se voient affublées du qualificatif de « cercueils ambulants ». Quant aux sportives, elles ont la réputation d’être « viriles ». Pour pouvoir les maîtriser en courbe à vitesse élevée, il faut savoir contrebraquer. Aux États-Unis, le débat sur la sécurité automobile fait rage depuis la publication en 1965 de l’ouvrage Ces voitures qui tuent de Ralph Nader, qui deviendra par la suite une figure mondiale de la défense des consommateurs.
Les premiers prototypes de la 928 pâtissent d’une certaine instabilité directionnelle. En cause : l’angle d’ouverture de la roue arrière à l’extérieur du virage lié aux forces latérales en courbe. C’est comme si un individu marchait avec un pied orienté vers l’extérieur. Facteur aggravant : lorsque le conducteur lâche l’accélérateur, le centre d’inertie se déplace vers l’avant, réduisant l’adhérence à l’arrière. En outre, le couple résistant du moteur accroît encore l’angle d’ouverture à l’arrière. Ainsi, dans les virages à droite, la roue arrière gauche a tendance au « bâillement », provoquant un survirage à la décélération.
Les ingénieurs
Un deuxième volant à l’arrière
Commence alors un laborieux travail de développement sous la houlette des ingénieurs maison : Wolfhelm Gorissen, Manfred Bantle et Helmut Flegl. Les méthodes originales de ce dernier ont de quoi étonner : il équipe une Opel Admiral des composantes du châssis de la future 928 et installe un deuxième volant à l’arrière. Lors des essais, Manfred Bantle conduit la voiture tandis que Walter Näher, futur ingénieur de course
Un travail de précision qui finira par porter ses fruits : « Avec l’essieu Weissach, le comportement directionnel de la 928 est devenu bien plus sûr, et la tendance au survirage a disparu », se souvient Frank Lovis, alors pilote d’essai
Manfred Harrer revient également sur l’importance de l’essieu Weissach : « Cette œuvre de pionnier a jeté les bases de la cinématique des trains roulants modernes. Au fil des années, les équipes
« Depuis, nous avons énormément progressé dans les matériaux utilisés », ajoute Manfred Harrer. Les liaisons élastiques sont désormais en élastomère. Les propriétés physiques de ce matériau permettent de fabriquer des pièces high-tech capables de maîtriser la déformation des liaisons élastiques et d’améliorer la qualité d’amortissement et le confort acoustique, tout au long de la durée de vie de la voiture.
2018 : La technologie ne cesse d’évoluer. Avec le temps, le principe de l’essieu Weissach s’est adapté, sous des formes toujours plus compactes, aux nouveaux concepts de véhicule, qu’il s’agisse d’un SUV, avec le
Mais toutes les avancées dans le domaine des systèmes électroniques de réglage actif du châssis ne changeront rien au principe de base : « Il faut veiller au juste équilibre des trains roulants pour assurer la stabilité de nos voitures. Grâce aux systèmes de simulation modernes, nous pouvons nous contenter désormais de ne tester que trois barres stabilisatrices, au lieu d’une vingtaine auparavant. »
Chez
Texte Klaus-Achim Peitzmeier
Photos Stephan Lindloff,