See you next Summer
Eau, terre et vent, le
Comme du givre, le sel recouvre les arbres. Ou alors est-ce le givre qui ressemble au sel ? La route 27 est longue, et cette question nous occupe un moment. À droite l’Atlantique, à gauche les marais salés, devant nous la route. Dans ce paysage tout en nuances, les couleurs ne passent pas inaperçues. Le Gris Quartz métallisé du
L’âme au calme, hors saison.
La tempête annoncée a déjà atteint l’île, et l’avertisseur de changement de voie du
promesse des rues désertes, allégresse des plages abandonnées, richesse des sensations nouvelles.
Dans la tempête, les branches des arbres se figent, recouvertes par un fin duvet blanc. Les maisons vides semblent se recroqueviller pour esquiver les bourrasques. Nous prenons la route qui mène à une dune. Fasciné tant par les grands de ce monde que par les paysages majestueux, le photographe Richard Phibbs nous donne une parole à méditer : « La plage me permet de fermer les yeux et de voir à nouveau. » En mode tout-terrain, la voiture se joue des obstacles naturels. Il faut dire que les systèmes PASM, PTV Plus et PSM lui assurent une traction hors pair. Le
Du vent, de l’eau, une route : un road-movie au cœur des éléments.
À seulement deux heures et demie de route d’ici, dans le parler « branché » de Manhattan, on dirait qu’on vient « recharger ses batteries ». Se ressourcer, c’est exactement ce pour quoi viennent les propriétaires des Hamptons : Jennifer Lopez, Billy Joel, Martha Stewart, Steven Spielberg, Donna Karan, Paul McCartney, Alec Baldwin, Robert de Niro, Ralph Lauren ou encore P. Diddy. Pendant 16 week-ends, de la fin du printemps au début de l’automne, règne une activité intense. Puis la nature reprend ses droits. Finies les grosses chaleurs, finie l’excitation qui règne pendant la saison haute : la région retrouve la bonne température et le bon rythme, c’est le bon moment pour s’émerveiller devant les paysages sauvages.
Conduire une
L’envie de liberté est encore plus intense, encore plus belle en hiver. Être seul face à soi-même. Rien que la voiture, la route et la nature. Presque tous les conducteurs de
Conduire, ce n’est pas seulement franchir des distances. C’est un moment de calme avant la tempête.
Se dégourdir les jambes un instant sur la plage, la fermeture éclair de son anorak remontée jusqu’au menton, le visage au vent. Ressentir. Par leur autorité, les forces de la nature imposent l’humilité. Retour dans le
Nous avalons la route, éblouis par la splendeur des paysages.
La route nous mène jusqu’au phare de Montauk, sur les traces de Max Frisch. En vérité, il s’agit davantage de partir à la découverte de soi. L’avertisseur de changement de voie qui sommeille au fond de nous permet-il de garder sa voie ou plutôt de trouver sa voie ? Probablement les deux. Montauk et sa falaise surnommée « The End » sont chargés de spiritualité. La situation de ce poste avancé de New York sur l’Atlantique n’y est pas pour rien. Mais que les tenants du réalisme ne s’effraient pas trop, il suffit de lâcher prise. Dans son récit intitulé « Montauk », même Max Frisch se perd un peu dans sa chronologie. Il s’abandonne à ses pensées, ses souvenirs et ses réflexions sur la nature qui l’entoure. Il respire à pleins poumons, se ressource.
Exprimer sa véritable nature.
Dans la librairie de la rue principale de East Hampton, la Bible de l’ascension sociale est reléguée au dernier rayon, tandis que L’Art du silence trône sur le comptoir. Au coin, le magasin de chaussures d’été a rangé sa vitrine, et sur la porte, le panneau « Always open » retourné affiche désormais un joyeux : « See you next summer ! » Heureusement, le café du Sylvester General Store de Sag Harbor ne fume pas que sur les affiches publicitaires. Dans le jardin derrière la maison, la balançoire qui donne sur le Block Island Sound est le jouet du vent. Cette escapade semble bien sentimentale. D’une certaine façon, elle l’est. Et après tout, pourquoi pas ? Mais loin d’être nostalgique, elle est avant tout revivifiante. Pour les amoureux de la nature, le gris de ce ciel de plomb serait presque étincelant. Sa lumière est particulière. Plus tard dans l’après-midi, le ciel retrouvera son bleu hivernal.
S’il existe une expérience de conduite zen, ce que le
L’écrivain Henry David Thoreau, qui quitta l’enseignement au XIXe siècle pour se retirer dans les bois, aujourd’hui précurseur reconnu du mouvement de retour à la nature des citadins, nous donne le mot de la fin : « Ce monde n’est rien d’autre qu’une toile laissée à notre imagination. » Au volant d’une voiture de sport, c’est le pare-brise qui fait office de toile.
Sauvage ou romantique, pourquoi pas les deux ? L’avenir reste à explorer.
Texte Elmar Brümmer
Photos Steffen Jahn
Que faire dans les Hamptons ?
Se retrouver
Long Island est une île au nord-est de la ville de New York. Les Hamptons sont constitués des localités de Bridgehampton, Southampton et East Hampton.
Se loger
Depuis 80 ans, Gurney’s Montauk Resort accueille les visiteurs de l’île. Pour dormir plus près de l’Océan, il n’y aurait qu’un château de sable. Le complexe comprend une piscine, des terrasses et des restaurants, et propose des cottages ainsi qu’un élégant bâtiment moderne. www.gurneysmontauk.com
Se promener
Construit en 1792 à la demande de George Washington, le phare de Montauk Point est situé dans une réserve naturelle vallonnée aux paysages variés avec vue sur les ports, les marais salés et bien sûr, l’Océan.
Se ressourcer
Si les haies ne suffisent guère à garder les secrets, nul doute qu’elles renferment des fortunes. Dans le hameau de East Hampton, Lily Pond Lane compte parmi les lieux les plus prisés. Les propriétés privées sont bien évidemment fermées, mais la rue principale suffit à comprendre pourquoi tant de personnes fortunées se retirent ici. Madonna possède notamment une ferme équestre à Bridgehampton.