Women power
La
Les voilà qui arrivent : une
Nina Vetterli-Treml : Sonja, les autocollants sur ta voiture indiquent que tu participes à des courses. Qu’en disent tes concurrents masculins ?
Sonja : Depuis 2005, je participe à des courses avec le
Et au quotidien, quelles sont les réactions que tu observes ?
Sonja : Sur un parking, un jour, quelqu’un m’a demandé quel type de courses faisait mon mari. J’ai répondu : aucune. La personne était incrédule : Quoi, c’est vous qui conduisez ? Mon mari ne s’intéresse pas du tout au sport automobile. Avant, nous faisions ce genre de choses ensemble, mais il en a perdu le goût, donc je participe toujours seule aux courses.
Nathalie et Sarah, vous aussi, vous rencontrez ce genre de préjugés ?
Nathalie : Bien sûr, les gens pensent que c’est mon mari qui m’a payé la 911. Alors que je me suis toujours acheté toute seule mes voitures.
Sarah : Je connais ça aussi. Mais ça m’est égal, je préfère en rire.
Nathalie : Ce qui me surprend, c’est que ce sont surtout des femmes qui ont des réactions négatives. Les hommes, quels que soient leur âge et leur milieu social, sont toujours contents de voir une femme rouler en 911.
Sarah (rit) : Et encore plus contents quand la femme lave la voiture !
D’où vous vient cette passion pour les voitures de sport ?
Nathalie : Le virus me vient d’une part de mon mari – c’est un grand fan de voitures. Et d’autre part de mon travail. J’ai beaucoup de constructeurs automobiles parmi mes clients et je travaille depuis 15 ans sur le salon de l’auto de Genève. Par ce biais, je suis régulièrement invitée à des journées d’essais pour femmes. Je trouve que c’est une bonne chose. On ose s’approcher, on prend confiance, on oublie ses inhibitions vis-à-vis des voitures de sport.
Sonja : Les voitures m’ont toujours fascinée. À 18 ans, j’ai acheté ma première et j’ai très vite rejoint des clubs de sport automobile pour pouvoir participer à des courses.
Sarah : Ma mère m’a dit récemment que quand j’étais petite, j’adorais dessiner tout ce qui avait des roues. Les voitures, les motos… Ça me fascine depuis que je suis enfant !
Et comment en êtes-vous venues à
Sonja : Dans les courses, je conduisais un bolide à propulsion arrière, alors qu’au quotidien, je roulais dans une voiture de sport japonaise à quatre roues motrices. J’en étais très contente, je passais l’hiver sans problème, mais quand l’embrayage m’a lâchée, j’ai cherché quelque chose d’autre. Dans un journal, je suis tombée sur une
Sarah : Mon père a fait fortune grâce à une invention à la fin des années 1980, et il s’est acheté une
Nathalie : Nous aussi, nous sommes une vraie famille
D’une seule voix : Oui !
Sarah : Absolument ! C’est un virus. Et à chaque fois que je suis entrée pour la première fois dans ma
De votre point de vue, d’où vient la fascination
Sarah : Du mythe de la marque !
Nathalie : Des émotions ! Et la « fabrication allemande » y est aussi pour beaucoup. On sait qu’on peut faire confiance à la technique.
Sonja : La 911 est une icône !
Nathalie : Sans oublier ses formes de bébé ! C’est vrai, les femmes aiment les petites choses rondes.
Est-ce que la 911 est une voiture pour femmes ?
Sonja : Pas du tout !
Nathalie : Non, mais je trouve ça super quand des femmes conduisent de bonnes voitures de sport, rapides. Le marché est de plus en plus important. Il y a beaucoup de femmes aujourd’hui qui gagnent beaucoup d’argent et qui ont la passion des voitures.
Sarah : Je crois que la 911 plaît autant aux hommes qu’aux femmes, tout en restant super-pratique au quotidien. Chaque jour, je suis contente de l’utiliser.
Tous les jours, vraiment ? Même en hiver ?
Sarah : Surtout en hiver ! En
Nathalie : La 911 est super, mais je vous avouerai que pour tous les jours, je roule très classiquement en
Sarah : Je trouve qu’on arrive tout de même à caser une quantité étonnante de bagages dans une 911. Le seul problème, c’est lorsqu’il s’agit de transporter plusieurs personnes. C’est pourquoi je me suis acheté une petite compacte il y a quelques semaines. Je ne songerais à acheter un
Tu utilises souvent ta
Sonja : Je dis toujours que c’est mon « car postal » ! Je roule avec des pneus semi-slicks, mais grâce à la transmission intégrale, ce n’est pas un problème, même par temps de pluie sur autoroute. Et en hiver, de toute façon, je la conduis aussi.
Tu laisses ton numéro de départ en permanence dessus ?
Sonja : Il faut théoriquement le décoller pour pouvoir circuler sur la voie publique. Mais c’est un numéro qu’on nous attribue lors de la première course, donc je l’ai depuis 2005. Je ne l’enlève pas, sinon je devrais le recoller toutes les semaines…
Sarah et Nathalie, votre point de vue sur les courses ?
Nathalie : Mon mari dit toujours que je ferais merveille sur le Nürburgring. Un jour, j’essaierai.
Sarah : De mon côté, cela figure tout en haut de ma to-do-list ! Je veux absolument passer la licence, les formulaires d’inscription sont déjà remplis.
Sarah : L’an prochain, je m’y mets !
La technique vous intéresse-t-elle aussi ?
Sonja : Bien sûr ! Il y a toujours un mécanicien avec moi sur le circuit. Le turbo a tendance par exemple à pousser dans les virages. Le mécanicien peut régler le moteur en conséquence. Ma conduite tente de préserver au maximum le matériel, mais je fais toujours contrôler les disques et les sabots de freins, et l’huile de freinage.
Nathalie : Moi, je ne m’intéresse qu’au plaisir et à l’esthétique. Les chevaux me font frissonner, j’aime conduire, mais dès qu’il s’agit de technique, je ne suis plus là pour personne. Pour tout ça, j’ai des aides compétentes.
Sarah : La technique me fascine grandement. Chaque fois que j’apporte la voiture à l’atelier, je reste le plus longtemps possible pour observer les mécaniciens au travail. Et quand quelque chose ne va pas, je l’entends tout de suite. Récemment, il y avait un petit grincement, j’ai tout de suite su que c’étaient les suspensions de roues. Et les gars de l’atelier me l’ont confirmé !
Sonja : Pareil pour moi. J’entends tous les bruits anormaux. Je me sens presque malade quand ma voiture a quelque chose. Et sur circuit, je ne suis vraiment pas à l’aise. À Mugello, je suis sortie de piste pour la première fois de ma vie. Je m’en suis bien tirée, et la voiture aussi, mais j’ai eu honte d’avoir aussi mal conduit.
Vous écoutez votre voiture – vous lui parlez aussi ?
Sonja : Toujours ! Parfois, avant la course, parfois aussi après. Quand elle rate une porte dans les slaloms, je la gronde – et moi avec.
Nathalie : Parler, non, mais j’ai toujours donné des noms à mes voitures. Pour ma 911, j’ai finalement opté pour Chiringuito – ma plage préférée à Ibiza !
Sarah : Je parle aussi à ma voiture et elle a aussi un nom. Quand je viens de faire un beau trajet réussi, je lui dis : Bravo, Black Beauty !
Black Beauty, voilà un nom digne d’un cheval – encore un truc de femme…
Interview Nina Vetterli-Treml
Photos Pirmin Rösli