Plaisirs de la table et du volant
Un voyage tout en saveurs. Un voyage gastronomique de Zurich à Andermatt au volant d’un
Quand un chef arrive à se maintenir au plus haut niveau pendant trois décennies, à toujours obtenir un 18 au Gault&Millau et une étoile au Michelin, c’est que pendant toutes ces années, il a fait ce qu’il fallait. Hans-Peter Hussong avait 17 ans quand il a quitté la Sarre pour la Suisse, et il en a aujourd’hui 62. En 1990, il a repris avec sa femme Ines la « Wirtschaft zum Wiesengrund » à Uetikon am See. Là, sur les rives du lac de Zurich, il a monté tous les échelons, silencieux, travailleur. En 1998, la première étoile Michelin a couronné ses efforts, et en 2000, il a été élu « chef de l’année » par le Gault&Millau. Et depuis, il ne s’est autorisé aucune relâche.
Un art classique cultivé avec élégance
Le « Wiesengrund » est une demeure idyllique, petite, chaleureuse, avec un magnifique jardin, où l’on dresse aussi des tables en été. Ines Hussong dirige le service avec compétence, bonne humeur et beaucoup de charme. Son mari ne cherche pas les honneurs : au « Wiesengrund », on cultive l’artisanat dans sa beauté classique. Le chef travaille sur de nouveaux parfums, des accords innovants, sur les petites surprises qui réjouissent ses clients.
La cuisine à la mode, qui se réconcilie aujourd’hui avec les produits saisonniers et régionaux, n’a jamais intéressé Hussong. Et pour cause : pour lui, tout cela relève simplement de l’évidence. N’a-t-il pas un splendide jardin d’aromatiques juste devant sa maison ? Quant à la viande et aux légumes, il les achète depuis des décennies à des producteurs locaux. La qualité est sa priorité absolue, et son amour pour la cuisine n’a pas pris une ride. Dès le petit matin s’échappent de sa cuisine des odeurs de fumets qui mijotent et réduisent pendant des heures, de fonds qu’il prépare tous lui-même, bien sûr.
Autre atout du lieu : devant ce si joli restaurant, situé à 20 minutes en voiture du centre de Zurich, il y a toutes les places de parking qu’il faut. Nous avons longé le lac de Zurich en direction d’Uetikon au volant d’un
Combinaison parfaite
Nous profitons de ce périple pour faire quelques petits détours par des restaurants d’exception dans lesquels nous nous proposons de nous arrêter une autre fois (voir aussi page 108), et nous roulons sans nous presser, sourire aux lèvres, en direction de « The Chedi », à Andermatt. Le
Avec ses 123 chambres élégantes et son spa de 2 400 m², l’hôtel associe parfaitement luxe alpin, grand chic et hospitalité. Pas de tape-à-l’œil, pas de poudre aux yeux, « The Chedi » se concentre exclusivement sur le bien-être des clients, avec utilisation (discrète) des technologies les plus modernes, à l’instar d’une
De l’Europe à l’Asie
Il va de soi que dans cette oasis paisible et stylée, en plein cœur des Alpes, on mange aussi très bien. « The Restaurant » dispose de pas moins de quatre ateliers-cuisines, dans lesquelles de formidables plats, d’inspiration européenne ou asiatique, sont préparés sous les yeux des clients. Il ne faut pas rater la généreuse armoire à fromages de cinq mètres de haut, où sont présentés les meilleurs produits du monde entier (y compris, bien sûr, du fromage des Alpes des alentours d’Andermatt).
L’hôtel abrite aussi le « Japanese Restaurant », qui compte au nombre des meilleurs restaurants japonais d’Europe. À lui seul, son choix de saké, présenté et élaboré par le premier sommelier de saké de Suisse, Arman Jafri, vaut le voyage. À condition du moins de passer la nuit au Chedi ! Mais même si l’on n’a que peu de temps : il faut avoir vu, et surtout goûté à l’art du maître sushi de « The Japanese ». Et pour ceux qui peuvent prolonger leur séjour : on trouve au « Chedi » une excellente cave à cigares, un bar bien fourni, l’espace bien-être dont nous avons déjà parlé, et encore bien d’autres choses plaisantes pour agrémenter son séjour. Pour un week-end prolongé, nul besoin de quitter l’hôtel.
Aux alentours, tous les ingrédients sont réunis pour prendre du bon temps : terrains de golf, excellentes installations de ski, parcours VTT exigeants, sans oublier une nature intacte et le bon air des Alpes. Une dernière chose : Andermatt est le point de départ idéal pour explorer la région en voiture de sport, et découvrir les plus beaux cols des Alpes, la Furka, l’Oberalp, le Saint-Gothard, tous à portée de main, mais aussi le Nufenen, le Grimsel, le Susten et le Lukmanier.
Texte Peter Ruch
Photos Graeme Fordham
Détours justifiés
Sur le trajet qui va de la « Wirtschaft zum Wiesengrund » (Kleindorfstrasse 61, 8707 Uetikon am See, tél. 044/920 63 60, www.wiesengrund.ch) à l’hôtel « The Chedi » (Gotthardstrasse 4, 6490 Andermatt, tél. 041/888 74 88, www.thechediandermatt.com), on a tout à gagner à faire encore quelques petits détours culinaires.
On ne saurait trop recommander, par exemple, le restaurant « Adler » à Hurden, situé au bord du lac entre Rapperswil et Pfäffikon, où officie Markus Gass, l’un des meilleurs cuisiniers de Suisse (Hurdnerstrasse 143, 8640 Hurden, tél. 055/410 45 45, www.adler-hurden.ch). Un peu plus haut, passé le col du Sattel, sur la route de Schwytz, vient une petite merveille bien cachée, l’« Adelboden », que l’on se doit aussi de visiter, car Franz Wiget aussi fait partie des grands maîtres de sa discipline (Schlagstrasse, 6422 Steinen, tél. 041/832 12 42, www.wiget-adelboden.ch).
Un peu plus simple, le « Kaiserstock », au bout d’une belle route de montagne surplombant le lac des Quatre-Cantons. Robert Gisler propose une cuisine sincère et de nombreuses spécialités maison – et à elle seule, l’arrivée et les panoramas justifient ce détour (Dörfli 2, 6452 Riemenstalden, tél. 041/820 10 32, www.kaiserstock.ch). Et il faut aussi avoir vu le château A Pro de Seedorf, extraordinaire bâtisse. La cuisine de René Gisler sait plaire avec d’excellentes spécialités locales (Près de l’église, 6462 Seedorf, tél. 041/870 65 32, www.schlossapro.ch).