À pleine puissance dans les virages
Pourquoi les versions les plus sportives de la
Les Alpes restent l’une des dernières grandes aventures de notre monde moderne. Et ici, en Suisse, elles sont à portée de main. Quoi de mieux que les sommets sauvages pour s’extraire rapidement de la civilisation pendant quelques jours ? Aucun autre endroit d’Europe n’offre une nature si brute et âpre, une météo aussi imprévisible. Nulle part ailleurs l’homme n’est ramené à son Moi anté-civilisationnel aussi radicalement qu’au plus près des montagnes. Voilà déjà quelques siècles que les intrépides et les risque-tout en quête de sensations fortes se sont pris de passion pour la montagne. Et qu’il s’agisse de Goethe, qui regarda la mort en face au col de la Furka où une tempête de neige l’avait surpris, ou de Hans Stuck, qui dans les années 1930 prit d’assaut le col du Klausen, moteur vrombissant, une roue toujours à la limite de l’abîme – l’adrénaline et la gloire ont toujours été la récompense de ces audacieux.
Avec l’arrivée des premières voitures de sport
La production n’était même pas lancée qu’au printemps 1965, la 911 faisait déjà ses débuts dans le sport automobile au rallye de Monte-Carlo, où Herbert Linge décrocha une remarquable cinquième place au volant d’un prototype proche du modèle de série. Quand la
Le potentiel de cette 911 de course de conception radicale était immense. En 1967, Jo Siffert et ses collègues d’équipe suisses engrangèrent même cinq nouveaux records du monde d’endurance à Monza au volant d’une
Pour les amoureux de la 911, la lettre « R » inscrite à l’arrière fait toujours figure de Saint Graal, comme on a pu s’en rendre compte en 2016, année où
Voilà donc, par un beau matin d’été (ciel bleu, air pur et frais), cinq modèles actuels de
Malgré les aptitudes sportives de la meute, l’objectif est loin d’être la vitesse : un col alpin n’est pas un circuit, et pour qui veut voir l’aiguille du compteur bondir, la boucle nord du Nürburgring est mieux indiquée. Mais les 911 R et RS ont cette particularité qui les distingue de la majorité des voitures de sport tout confort et polyvalentes, de savoir créer une proximité inégalée avec l’asphalte, le pilote fusionnant pour ainsi dire avec la route. Le moindre relief de la chaussée, le moindre virage se ressent au plus profond du corps, aucune aspérité n’est évacuée par des systèmes d’amortissement trop prudents. On vit toute l’architecture, l’âpreté des routes, les forces crissantes qui se dégagent quand on rétrograde en descente, la morsure des freins et les forces centrifuges dans les virages : une expérience si directe que le pouls bat au rythme du moteur à aspiration et que les frontières entre la main et le volant, entre le pied et l’accélérateur, s’abolissent un peu plus à chaque lacet. Il n’y a qu’en moto, ou sur la selle d’un vélo de course, que cette expérience alpine pourrait être plus immédiate encore qu’au volant de nos bolides puristes.
Bien sûr, entre la
Texte Jan Baedeker
Photos Stefan Bogner